Odiénné est une ville située au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire (à environ 900km d’Abidjan) et fait partie avec Bondoukou, Bouna et Kong des rares villes précoloniales de la Côte d’Ivoire.
La population d’Odienné est estimée à environ 91 691 habitants pour une superficie de 3 381, 28 km2 (RGPH 2014). Cette population connait un taux de croissance de 2,6% par an avec une urbanisation qui atteint 35% et un taux de natalité de 3,6%. La population est composée de 50,28% de femmes, 49,78% d’hommes et 34,53% de jeunes pour un taux d’alphabétisation de 1,45% et un taux de scolarisation de 31%.
Les terres sont propices à une multitude de cultures et la population y est attachée. La région regorge de nombreux minerais encore inexploités. La première mine de la région depuis l’indépendance qui vient d’ouvrir est une mine de manganèse à Ziémougla (sous-préfecture de Kaniasso le 19 février 2009).
La ville a été fondée au XVIIIe siècle par les Diarrassouba, les premiers malinké à s’installer dans la région jusque là occupée par les Sénoufo. Après les Diarrassouba vinrent d’autres clans (Kamagaté, Komara, Cissé, etc.) qui s’organisèrent en petites chefferies et propagèrent l’Islam dans la région. Samatiguila et Tiémé en devinrent les pôles et les centres de maraboutages les plus réputés. C’est au XIXe siècle qu’apparaît Kaba Touré dit « VAKABA » qui créera le royaume de Kabadougou, un royaume bien structuré dont le village-chef, prend le nom d’Odiénné (ou ‘’Odjengué ‘’ qui signifie « On est arrivé » en langue Sénoufo). Vers 1860, Odiénné est un marché important pour les caravanes à la recherche de l’or et de la kola et fait figure de capitale des territoires annexés par Samory Touré.
L’espace urbain est divisé en 11 « Kabla » ou familles dont les membres sont liés par des liens familiaux ou amicaux. On distingue entre autres: les « Touré » propriétaires au sens premier du mot de la ville d’Odienné. Aucune, décision concernant la ville ne se prend s’en l’assentiment des Touré à travers leur chef de KABLA. Les « Savané » eux sont les érudits, les garants de l’islam. Alors tout guide religieux se doit d’être issu du KABLA des « Savané » si l’on veut voir ses prières exaucées par le Dieu suprême. Les « Diarrassouba » quant à eux sont les hommes des métiers, les artisans. Par le passé,ils confectionnaient les armes de guerre et les outils des travaux champêtres. À tous ces KABLA s’ajoutent d’autres comme les « Cissé », les « Kamaté »,etc.
La ville compte à ce jour 20 quartiers avec plusieurs communautés religieuses qui cohabitent à Odienné en parfaite harmonie : les musulmans (plus nombreux), les catholiques et méthodistes, dont les édifices religieux sont visibles dans la ville.
Le Malinké est la langue la plus parlée après le français qui est la langue officielle.
Les rites ancestraux demeurent dans le quotidien des populations. Certes la modernité prend le pas sur quelques-unes des danses et manifestations de réjouissance, mais elles demeurent encore dans plusieurs villes du District. Ce sont le ‘’Djèmé’ un instrument de musique utilisé lors des mariages, le ‘’Yagba’’, une danse réservée aux femmes mariées et le ‘’Kouroubi’’, une danse organisée pendant les dix derniers jours du mois de carême musulman.
Toutes ces danses ont fait la particularité de la ville et ont par le passé attiré de nombreux admirateurs. Des chanteurs comme : Tiken Jah Fakoly, Affoukéita, Mamadou Doumbia, Général Bako, Dj tifa, Dj brazza, Ras Matador et les talentueuses griottes : Djenin et Adjara Kéita natifs de la localité s’inspirent de cette richesse folklorique.
À côté des danses, Odienné reste une ville à fortes potentialités touristiques avec ses édifices (la mosquée historique de Samatiguila, le complexe hôtelier «Le Lac Savané », etc.), ses lacs, ses fleuves (le Gbanhala qui se jette dans le Djoliba au Mali, la Boa et la Bagoué), ses forêts, la grotte de Samory Touré (Gbéléban), la case de René Caillé à Tiémé. Il ya aussi les montagnes, à savoir : le Tyouli (913 m) dans le Département de Seguelon, le Foula Kourou (874 m) dans la Sous-préfecture de Bako, le Tigoukoli (813 m) dans la Sous-préfecture d’Odienné encore appelé mont Denguélé, etc.
La ville d’Odienné compte au moins 14 clubs sportifs, dont un qui évolue en première division de football : l’association sportive du Denguélé.
Dirigé par le maire Nasseneba Touré, Odiénné est une ville moderne où on y trouve tous les services d’État (une préfecture de police, une gendarmerie, une direction générale du Trésor, etc.), des représentations d’établissements financiers (NSIA Banque, BACI, CNCE), la poste de Côte d’Ivoire, les maisons de téléphonies mobiles (Orange, Moov, Mtn). Grâce au financement de bailleurs de fonds, le district d’Odienné bénéficie de 87 km de route bitumée (dont 11 km dans la ville).
Concernant les défis pour le développement des activités économiques à Odienné, on note: la réhabilitation du réseau routier et le bitumage de l’axe Odienné-Boundiali qui favorisera à n’en point douter l’amorce du développement d’Odienné.
Sur le plan agricole, la région reste confrontée à des obstacles à lever au nombre desquels l’indisponibilité et/ou l’inaccessibilité des semences de qualité, des engrais et des produits phytosanitaires, les conflits entre éleveurs et agriculteurs, essentiellement dus à la destruction des cultures par les animaux, la destruction des cultures par les feux de brousse.
À ces difficultés s’ajoutent la très grande tendance des jeunes à opter pour le petit commerce et le transport au détriment de l’agriculture, ce qui a pour conséquence la pénurie de main-d’œuvre, la mévente des produits agricoles de rente tels que l’anacarde et la mangue, les difficultés d’accès aux zones de production en période de pluie et l’inexistence d’infrastructures de formation agricole dans la Région.